Résiliation abusive
Cet habitant des Bouches-du-Rhône se croyait assuré pour sa nouvelle voiture. Après un accident, il apprend qu’il n’est pas couvert. L’assurance avait résilié le contrat sans respecter les règles.
Monsieur N., des Bouches-du-Rhône, souhaite assurer sa nouvelle voiture auprès de la même compagnie que son précédent véhicule. Toutes les démarches avec l’assureur sont faites via Internet. Trois mois plus tard, monsieur N. a un accident causant d’importants dégâts à la voiture. Les réparations sont évaluées à 7 000 €. Il déclare l’accident à son assureur mais celui-ci refuse toute indemnisation au motif qu’il n’est pas assuré. Surpris, le consommateur confie son dossier à l’UFC-Que Choisir de Marseille. Cette dernière découvre que l’assureur a utilisé une autre adresse Internet que celle de l’assuré, lors de la constitution de son dossier, afin d’obtenir un complément d’information concernant sa nouvelle acquisition. Ne recevant pas les renseignements demandés, la compagnie a procédé à la résiliation du contrat et en a informé son client par Internet, mais toujours à la mauvaise adresse. Or, en matière d’assurances, la résiliation est très encadrée, souligne l’association locale. Par un courrier à l’assureur, elle rappelle que, quelle que soit la cause de la résiliation du fait de l’assureur, celle-ci doit obligatoirement être signifiée à l’assuré par lettre recommandée avec accusé de réception. La résiliation par mail est donc non conforme à la loi et ne peut être opposée à l’assuré. Dix jours plus tard, monsieur N. obtenait satisfaction.
Une action menée par l’association locale : UFC-Que Choisir de Marseille 131 (AL)
Hausse de la TVA
Nos relevés sur le terrain
Elle était annoncée et elle a été appliquée. Pour avoir une idée précise de la répercussion de la hausse de la TVA, les bénévoles de l’UFC-Que Choisir ont relevé les prix de nombreuses prestations (restaurant, coiffeur, cinéma, transports…) avant et après le 1er janvier 2014. Bilan.
Le 1er janvier, il y a eu, en réalité, deux hausses. La TVA sur les services est passée de 19,6 % à 20 % et la TVA intermédiaire sur les produits consommés sur place de 7 % à 10 %. Les taux de TVA réduits sur l’alimentaire à emporter (5,5 %) et super-réduits sur la presse (2 ,1 %) n’ont pas changé. Quelques baisses sont intervenues. La TVA sur les places de cinéma est passée de 7 % à 5,5 %. C’est également le cas pour les travaux de rénovation thermique, mais ils n’entrent pas dans le cadre de nos relevés (voir notre méthodologie en fin d’article).
Restauration
7 restaurants sur 10 ont laissé le prix de leur menu plat-dessert inchangé. En revanche, ceux qui ont augmenté les prix vont au-delà de l’impact de la loi, puisque la hausse moyenne constatée atteint 7 %. Concrètement, le menu qui était à 14 € passe à 15 €. Par ailleurs, 17 % des restaurateurs ont augmenté le prix de l’expresso, là aussi de 7 % en moyenne. Vu la tendance nette des consommateurs à renoncer au traditionnel café d’après le repas (pour prendre un expresso dosette au bureau), ils se tirent peut-être une balle dans le pied. 21 % des cafetiers ont également révisé à la hausse le prix du petit noir, là aussi de 7 %. On trouve enfin 2 % de restaurateurs qui ont baissé leurs prix.
Pour mémoire, l’État a baissé la TVA sur la restauration assise de 19,6 % à 5,5 % en 2009, puis il a remonté le taux à 7 % en 2012 et le remonte encore. Quatre taux de TVA sur nos assiettes en cinq ans. Tous secteurs confondus, et sans même parler des taux dérogatoires de Corse et d’outremer, il ne se passe plus deux années sans changement de TVA. Est-ce raisonnable ?
Services
Côté services, 1 pressing sur 3 a augmenté ses tarifs (31 % exactement, avec 7 % de hausse en moyenne). 15 % des coiffeurs ont fait de même, avec une hausse de 7 % sur la coupe homme et de 4 % sur la coupe femme. Les cinémas avaient prévenu. Vu leur faible rentabilité, ils ne répercuteraient pas la baisse. 84 % n’ont pas changé leur prix, 13 % les ont même augmentés. Une minorité infime les a baissés (3 %).
Transports
Enfin, les transports en commun. À 93 %, les autorités organisatrices ont laissé le prix du billet inchangé, malgré la hausse de la TVA. Ce billet à l’unité représente une petite fraction des recettes des transports en commun, dont le fonctionnement est subventionné, parfois jusqu’à 70 %, ce qui relativise toute notion de rentabilité.
La méthodologie de notre enquête
Les bénévoles de l’UFC-Que Choisir ont relevé les prix de 10 prestations proposées dans 6 commerces différents, en novembre 2013 puis en janvier 2014. L’ensemble représente plus de 2 000 données.
Tarifs relevés
- Au restaurant : le prix de la formule plat et dessert la moins chère et celui de l’expresso.
- En brasserie : l’expresso, le Coca-Cola et le demi pression le moins cher en salle.
- En blanchisserie : nettoyage/repassage pour une chemise.
- Chez le coiffeur : shampoing/coupe/coiffage homme et/ou femme.
- Au cinéma : le prix d’une séance plein tarif.
- Transports en commun urbains : le prix d’un ticket normal à l’unité pour un voyage.
Dates de l’enquête sur le terrain
1re vague : du 1er au 25 novembre 2013
2e vague : du 1er au 15 janvier 2014
Erwan Seznec – ww:quechoisir.org – 01/2014
Assurance vie
Le palmarès des rendements 2013
Les principaux acteurs du marché de l’assurance vie viennent de communiquer leurs meilleurs taux pour 2013. Bas, mais stables. Et la tendance baissière de la rémunération des contrats en euros devrait se poursuivre.
Pas de grands bouleversements entre les taux de rendements des contrats d’assurance vie 2012 et ceux de 2013. La très grosse majorité est en léger repli (entre 0,10 et 0,20 point). Des résultats donc assez stables par rapport à l’année dernière, mais bien sûr, loin des 5 % et plus des années d’avant crise.
Pas de surprises non plus concernant le palmarès (voir ci-dessous) : ce sont toujours les mutuelles qui parviennent à sauver le mieux les meubles. Même si les assureurs et banques font leur possible pour « pousser » leurs taux en commercialisant de plus en plus de contrat à géométrie variable… Des bonus (quelques dixièmes de points en plus) sont rajoutés au moment du calcul du rendement, pour les contrats à partir d’un certain montant et/ou durée investis ; ou encore si les fonds souscrits intègrent des unités de compte (actions) à côté d’investissements en euros. Une stratégie de différenciation pas très transparente mais qui gagne du terrain chez les acteurs du marché.
3,75 % et 3,50 % : comme l’année dernière, Le Conservateur et la Carac tirent leur épingle du jeu, avec les meilleurs taux de rendement sur leurs contrats Helios Sélection et Épargne Carac. Ces résultats ne devraient pas grignoter leur provision pour participation aux bénéfices, mais profiteraient de l’embellie toujours présente sur les marchés des actions. Quasi même performance, du côté de la Matmut et de la MACSF qui affichent toutes les deux 3,40 % sur leurs contrats respectifs Matmut Vie Épargne et Retraite Épargne Santé, suivies par l’Afer, avec 3,36 %.
Se situant toujours dans la moyenne, un grand nombre de mutuelles (Macif, GMF, Maaf) poursuivent leur politique de prudence, préférant ne pas toucher aux provisions.
En queue de peloton, on retrouve Axa qui annonce 2,70 %, aux côtés des fonds multisupports de MMA et Avenir d’ACMN : respectivement 2,65 % et 2,60 %, en recul par rapport à 2012.
Taux de rendements 2013 de 16 contrats d’assurance vie (comparés avec ceux de 2012)
Élisa Oudin – www:quechoisir.org -01/2014
Données personnelles
Trop de laxisme chez les cybermarchands
D’après une étude, 70 % des sites marchands français feraient preuve de trop de laxisme dans la gestion des mots de passe de leurs clients. Résultat : les données personnelles qui leur sont confiées ne seraient pas suffisamment sécurisées.
Le mot de passe est le maillon faible de la sécurité sur Internet. Il suffit à un pirate de le récupérer pour s’accaparer vos informations personnelles, passer des commandes à votre place ou voler vos données bancaires. Pourtant, d’après une récente étude, trop de sites français de e-commerce ne prendraient pas de mesures de sécurisation à la hauteur de l’enjeu. 45 % d’entre eux enverraient à leurs clients leurs identifiant et mot de passe par e-mail, sans cryptage. 14 % seulement obligeraient leurs clients à utiliser un mot de passe « fort » composé de lettres et de chiffres. 87 % les laisseraient utiliser un mot de passe basique du style « 123456 » ou « motdepasse ». 83 % d’entre eux ne bloqueraient pas l’accès au compte après 10 saisies erronées. Autant de manquements qui faciliteraient le travail des pirates. Au final, ce sont 70 % des sites qui ne protègeraient pas suffisamment les données personnelles de leurs clients. Ebay.fr, Leboncoin.fr et Vente-privee.com seraient les meilleurs élèves en la matière. À l’autre bout du classement, des bonnets d’âne sont attribués à Vente-unique.com, Toupargel.fr et Direct-siege.com. Des sites très courus, comme 1855.com, Houra.fr, Decathlon.fr ou encore Boulanger.fr feraient à peine mieux.
Ne soyons pas dupes. En concoctant ce « 1er baromètre sur la protection des données personnelles sur Internet », la société Dashlane, qui édite un logiciel de gestion des mots de passe, espère bien inciter les cybermarchands à faire appel à ses services. N’empêche, son étude met en évidence un vrai problème. C’est un fait : les internautes français n’ont pas suffisamment conscience de l’importance de choisir un mot de passe complexe. Et, que ce soit par méconnaissance, par laxisme ou par peur de perdre leurs clients, les cybermarchands ne les incitent pas à changer leurs habitudes.
Cyril Brosset – www:quechoisir.org -01/2014
Cosmétiques et produits ménagers
La MIT, un conservateur à bannir
Présente dans des lingettes pour bébés, cosmétiques et produits ménagers, la MIT (méthylisothiazolinone) provoque des allergies chez trop d’utilisateurs. Son usage devrait être prochainement limité, voire interdit, du moins dans les cosmétiques.
Son nom n’est pas facile à retenir mais ce ne serait pas une mauvaise idée de le noter dans un coin si vous souhaitez acheter prochainement des cosmétiques, des lingettes pour bébés ou des produits ménagers. Car l’étau se resserre autour de la MIT (méthylisothiazolinone). Ce conservateur a été largement utilisé ces dernières années, notamment en remplacement des parabènes. Mais son potentiel allergisant inquiète les experts. En décembre, un avis du Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC), émanation de la Commission européenne, constatait que « la hausse spectaculaire des cas d’allergie à la MIT est un phénomène sans précédent en Europe ». À la question : « la MIT est-elle sûre à la concentration de 100 ppm (1) actuellement autorisée dans les cosmétiques ? », les experts répondent par la négative. À leurs yeux, il n’y a aucune concentration sûre dans les produits non rincés, y compris les lingettes. Dans les produits rincés, une concentration de 15 ppm est considérée comme sûre avec des réserves : le comité reconnaît que les connaissances sont parcellaires et souligne que les expositions via d’autres produits que les cosmétiques sont mal connues.
Même l’industrie le déconseille
Au même moment, sans attendre un changement de réglementation, l’organisme Cosmetics Europe, qui représente l’industrie, recommandait à ses adhérents de ne plus utiliser la MIT, en particulier dans les produits non rincés. Les signalements se multiplient en effet de la part de dermatologues confrontés à des patients ayant développé des réactions allergiques, notamment des eczémas, après un contact avec ce conservateur. Déjà en décembre 2012, la Société française de dermatologie tirait la sonnette d’alarme. Début janvier, la revue scientifique Pediatrics publiait un article portant sur six cas d’enfants porteurs d’eczéma réfractaire à tout traitement. Tous se sont révélés allergiques à la MIT, tous utilisaient des lingettes en contenant, tous ont guéri après avoir cessé d’en utiliser.
Du côté de Que Choisir, nous avons récemment mis en garde contre la MIT, potentiellement présente non seulement dans les lingettes pour bébés, mais dans les laits corporels ou encore les produits ménagers comme les lessives, adoucissants ou liquides vaisselle. Nous avions dosé ce conservateur dans les lingettes et laits pour le change ainsi que les liquides vaisselle. Ci-dessous, la liste des produits en contenant au moment de la publication de nos tests, en 2013. Il n’est pas impossible que les fabricants aient, depuis, modifié leur formule. Quoi qu’il en soit, vous pouvez le vérifier car, pour ces produits comme pour les autres cosmétiques, l’étiquetage informe de la présence de méthylisothiazolinone.
Les produits où nous avions trouvé de la MIT lors de nos tests en 2013
Lingettes
- Bébé Cadum, lingettes à l’eau nettoyante
- Huggies Pure
- Huggies Baby wipes cucumber
- Nivea Baby Pure & Sensitive
- Nivea Baby Soft & Cream
Laits de toilette
- Eco + (Leclerc), lait de toilette bébé
- Corine de Farme, lait de toilette hydratant
- Biolane, lait de toilette douceur
- Labell Baby (Intermarché), lait de toilette très doux
- Bébé (Leader Price), lait de toilette
- Cora, lingettes toilettes parfum melon d’eau
- Nivea Baby Toodies
- Auchan, lingettes imprégnées papier toilette
- Biolane, pocket
Liquides vaisselle
(1) ppm : partie par million (par exemple mg/kg).
Fabienne Maleysson – www:quechoisir.org – 01/2014
Compteur Linky Surenchère commerciale, ça démarre !
Puisque le compteur Linky ne permet pas de suivre sa consommation d’électricité en temps réel, l’opérateur Direct Énergie lance une offre qui remédie au problème… au prix fort.
Que Choisir avait prévenu. Les failles du compteur Linky offrent un boulevard aux fournisseurs d’électricité pour augmenter les tarifs. Pour compenser l’absence de l’afficheur qui, dans le projet initial, devait permettre de connaître ses consommations d’électricité en temps réel, ils vont multiplier les offres commerciales à prix gonflé.
Et bien ça commence. Le fournisseur Direct Énergie est le premier à s’engouffrer dans la brèche avec son offre Tribu, réservée aux consommateurs équipés de compteurs Linky. La box Tribu permet de suivre ses consommations en temps réel. Mais alors que Linky aurait dû le faire gratuitement, ce service est facturé au prix fort : + 6,80 € par mois sur le prix de l’abonnement TTC, soit un surcoût annuel de 81,60 € sur la facture ! Pas de doute, Linky est une excellente affaire… pour les fournisseurs d’électricité.
Mais soyons justes, Direct Énergie ajoute d’autres services à son offre pour en justifier le surcoût. Elle prévoit par exemple une facture calculée sur la consommation réelle ; néanmoins cette fonction est prévue avec le compteur Linky, c’est d’ailleurs le seul intérêt qu’il présente pour les usagers. Il y a aussi l’incontournable « coaching énergie », l’effet mode est garanti. Et le détecteur de mouvement, qui surfe sur le besoin de se sentir en sécurité. Mais ce qui pourrait objectivement présenter un réel intérêt, même si ça n’a rien à voir avec la consommation d’électricité, c’est la fourniture d’un détecteur de fumée, puisque ce dispositif deviendra obligatoire dans tous les logements en mars 2015. Elle est incluse mais du coup, ça fait très cher le détecteur de fumée puisqu’on trouve des modèles fiables qui portent la marque NF à 15 € dans le commerce. On peut donc s’équiper pour l’équivalent de 2 à 3 mois d’offre Tribu alors que celle-ci engage pour… 24 mois, pour un coût de 163 €. Pour ce prix-là, on peut s’offrir 11 détecteurs de fumée ! Ou presque autant de détecteurs de mouvement. Bien entendu, on peut toujours quitter le contrat Tribu de Direct Énergie avant l’échéance des 2 ans sans pénalité financière, la loi l’impose. Mais alors il faut tout rendre, y compris le détecteur de fumée et le détecteur de mouvement, ou les acheter à Direct Énergie pour les conserver, respectivement 25 et 71 €. Si on tient à s’équiper de ces dispositifs, il est beaucoup moins coûteux de les acheter soi-même.
Tarif en-deçà du tarif réglementé EDF
Pour compenser le surcoût important de l’abonnement, l’offre Tribu propose le kWh à un prix légèrement moins élevé que le tarif réglementé d’EDF. Mais la différence reste beaucoup trop minime pour que l’abonné rentre dans ses frais. Quand il surpaie l’abonnement de 81,60 € par an, il économise seulement une dizaine d’euros sur une consommation moyenne.
Élisabeth Chesnais -www:quechoisir.org -01/2014
Placement financier Retour sur les prévisions pour 2013
Au lieu d’infliger à nos lecteurs les prévisions financières des experts pour 2014, nous avons repris leurs prévisions pour 2013 en les confrontant à la réalité. Le résultat n’est pas brillant.
Contrairement à la prévision, le retour sur prévision est sans risque et, en général, amusant. Il est également instructif. Les pronostics des analystes, en effet, servent de base aux choix d’investissements faits par votre banque pour vos assurance vie, plan d’épargne en actions, épargne salariale, etc.
Concernant le CAC 40, les prévisions des experts pour 2013 étaient dans le vrai. Ils ont simplement sous-estimé la hausse à venir. À la mi-décembre 2012, analystes et gérants interrogés par Reuters anticipent une hausse de 9 % pour l’indice parisien, qu’ils voient autour des 4 000 points en fin d’année. La hausse a en fait été de 18 %, le CAC 40 dépassant les 4 200 points. Exception, la Société générale a fait fausse route : ses services anticipaient un CAC 40 en baisse à 3 600 points. Même tendance du côté des marchés américains et britanniques, qui ont monté plus que prévu.
En ce qui concerne l’indice japonais Nikkei, en revanche, les prévisionnistes se sont lourdement fourvoyés. Ils l’imaginaient à 11 000 points, en hausse modérée. En réalité, le Nikkei a réalisé une année record, dépassant les 16 000 points. L’écart est énorme. Pour l’anecdote, un des gourous américains de la finance, Jeff Gundlach, annonçait en mai 2013 un effondrement de 20 % de la bourse de Tokyo !
Même si vous n’avez pas un euro placé en actions, vos économies sont forcément investies dans une devise quelconque. Un domaine où la prévision est également délicate. La direction des études économiques de la BNP, par exemple, a correctement anticipé l’évolution du cours euro/dollar (1,32 euro/dollar annoncé, 1,35 réalisé), mais elle n’a pas du tout vu venir le dévissage du yen. La BNP tablait sur 1 euro à 100 yens, il est à 140 (1). La banque a aussi sous-estimé la santé du franc suisse face à la devise européenne. Elle voyait le cours euro/CHF à 1,30, il est à 1,23. Pour mémoire, jusqu’en 2008, la BNP vendait des prêts en francs suisse remboursables en euros (Helvet Immo) à ses clients en leur assurant qu’elle avait une visibilité suffisante sur l’évolution du taux de change…
Sur l’or, l’aveuglement a été total. La majorité des spécialistes annonçaient la poursuite d’un mouvement de hausse qui durait depuis 12 ans. Dans ses scénarios les plus optimistes, la Société générale voyait l’once d’or à 2 200 dollars, un sommet jamais atteint. L’analyste de BNP Paribas CIB voyait, elle aussi, le métal précieux battre ses records. Le chef économiste chargé des métaux de la banque Morgan Stanley classait « sans hésiter l’or en tête des matières premières aux meilleures perspectives pour 2013 » et anticipait une once à 1 850 dollars. En réalité, les cours se sont effondrés, l’once terminant l’année à 1 200 dollars. C’est exactement le niveau qu’avait imaginé la Saxo Bank dans ses « prévisions choc » 2013, un exercice de prospectives annuelles qu’elle présente elle-même comme « extravagantes ».
Ultime précision, si les professionnels sont faillibles, les boursicoteurs amateurs sont bien pires ! Les forums du début d’année 2013 regorgent de prévisions erronées. Cortal, la filiale de la BNP spécialisée dans le courtage en ligne, a créé une communauté des « Cortal consors », appelés les « hopees ». En moyenne, les « hopees » prévoyaient un recul de 22 % pour Renault. Le titre a pris 43 %. L’action Legrand devait chuter de 37 %. Elle a progressé de 25 %. Quant à Alcatel, censé stagner (+ 0,1 %), c’est la plus forte hausse de l’année, à + 242 %.
(1) Petit cours de gymnastique des changes : s’il fallait 100 yen pour acheter 1 euro et qu’il en faut ensuite 140, c’est que l’euro monte contre le yen. Inversement, s’il faut 0,70 euro pour 1 dollar, et qu’il en faut ensuite 0,80 euro, l’euro baisse contre le dollar.
Erwan Seznec – www:quechoisir.org -01/2014
Librairies en ligne Moins de ristournes
Après les députés, les sénateurs ont adopté à l’unanimité une proposition de loi qui encadre les ristournes accordées à leurs clients par les libraires en ligne. Bientôt, ils ne pourront plus cumuler la gratuité des frais de port et le rabais de 5 % sur le prix des livres fixé par l’éditeur. Gouvernement et libraires indépendants s’en réjouissent.
C’est une petite victoire des libraires traditionnels sur leurs concurrents en ligne. Après les députés, qui s’étaient prononcés début octobre, les sénateurs ont adopté la proposition de loi qui interdit aux libraires en ligne de cumuler la gratuité des frais de port et le rabais de 5 % sur le prix fixé par l’éditeur. La livraison gratuite est un argument commercial important pour les libraires en ligne, surtout pour le géant Amazon, qui en a fait une arme marketing de premier plan.
La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, s’est félicitée de ce vote. « Cette proposition de loi modernise la loi du 10 août 1981 sur le prix unique du livre pour l’adapter à l’ère numérique », explique le ministère dans un communiqué. « Je m’engage à ce que la navette soit la plus rapide possible », a précisé la ministre, pour ce texte qui doit encore passer en seconde lecture à l’Assemblée nationale avant d’être définitivement adopté. Ensuite, les librairies en ligne disposeront de trois mois pour s’y conformer.
Même satisfaction du côté des libraires. Pour le Syndicat de la librairie française, ce texte va « considérablement limiter le « dumping » d’Amazon sur les ventes de livres. Rappelons que ce « dumping » consiste pour Amazon à vendre à perte (plus de 2 milliards d’euros de pertes annuelles au niveau mondial liées aux frais de port) afin d’étouffer la concurrence et d’occuper à terme une position hégémonique sur le marché du livre qui lui permettra de relever les prix au détriment des lecteurs. »
Évidemment, le géant américain ne fournit pas la même analyse. De son point de vue, « toute mesure visant à augmenter le prix du livre sur Internet pénaliserait d’abord les consommateurs français en affaiblissant leur pouvoir d’achat. Cela créerait également une discrimination pour le consommateur choisissant Internet. » De fait, s’il doit systématiquement payer des frais de port, le consommateur sera le grand perdant de ces nouvelles conditions d’encadrement de vente de ligne. À moins que les e-libraires ne s’amusent à contourner la nouvelle réglementation sur les conditions de vente à distance des livres en faisant payer la livraison à peine quelques centimes…
Camille Gruhier – www:quechoisir.org 01/2014
Augmentation du prix du Toplexil Une raison de plus pour l’éviter !
Depuis quelques jours, le Toplexil, un sirop pour la toux sans intérêt mais très utilisé, n’est plus remboursé, ni par l’assurance maladie, ni par les complémentaires santé. De ce fait, son prix est libre et a toutes les chances de s’envoler. Une raison de plus pour le déloger de votre armoire à pharmacie !
Depuis 2010, le Toplexil (oxomémazine) n’était plus remboursé qu’à hauteur de 15 % par l’assurance maladie. Motif, un service médical rendu (SMR) faible dans le traitement de la toux sèche. Début 2011, il a comme d’autres antitussifs été contre-indiqué chez les enfants de moins de deux ans, en raison d’effets secondaires importants.
Le plus simple aurait été de retirer du marché cette spécialité sans intérêt. La décision n’a pas été prise, le Toplexil est resté disponible, qui plus est sans ordonnance.
Aujourd’hui, c’est à la demande de son fabricant, Sanofi, que le Toplexil n’est plus pris en charge par l’assurance maladie. La démarche peut surprendre, d’autant que les génériques du Toplexil ne sont pas concernés. Mais elle présente deux avantages. D’une part, le prix n’est plus administré, il peut donc augmenter librement, et c’est ce qui va se passer dans les semaines qui viennent. D’autre part, le laboratoire peut désormais faire de la publicité pour son produit, il bénéficiera d’une meilleure visibilité aux yeux du grand public.
Cet épisode est l’occasion de rappeler que, d’un point de vue médical, le Toplexil n’a pas fait la preuve de son efficacité pour soigner la toux sèche, qui est son indication. Il n’est et n’a jamais été qu’une solution d’appoint. Il ne doit surtout pas être pris en cas de toux grasse. Ses effets secondaires, eux, sont à prendre au sérieux : l’oxomémazine étant un antiallergique de 1re génération, elle a des propriétés sédatives qui peuvent être intenses et qui perdurent en journée. C’est d’ailleurs sans doute une des raisons inavouables qui a fait son succès auprès des parents : ce sirop a le mérite d’endormir les petits même quand, au moment du coucher, ils sont secoués de quintes de toux inextinguibles. Cependant, aux États-Unis, des surdoses accidentelles ont conduit aux décès d’enfants de moins de 6 ans. Le Toplexil n’étant pas un médicament anodin, il est préférable de s’en passer.
Anne-Sophie Stamane – www:quechoisir.org 01/2014
Téléphonie, Internet La facture papier est un droit
Plus écologique, plus pratique, mais surtout moins cher… les opérateurs ne manquent pas d’arguments pour envoyer à leurs abonnés leurs factures sous forme électronique. Pourtant, recevoir ses factures sur support papier est un droit. Un arrêté, qui entre en vigueur aujourd’hui, vient le rappeler.
La facture électronique n’est pas une fatalité. Alors que les opérateurs l’imposent de plus en plus à leurs abonnés, un arrêté vient rappeler que chaque abonné à un opérateur de téléphonie ou à un fournisseur d’accès à Internet a le droit de recevoir ses factures sur papier. Le texte, daté du 31 décembre 2013, entre en vigueur ce vendredi 10 janvier.
Au moment de la souscription, le client doit être informé si ses factures lui seront adressées sur support électronique ou sur papier. Mais « à tout moment », il peut demander à ce que ses factures lui soient adressées par courrier. La demande, qui peut être effectuée « par tout moyen », doit être prise en compte dans les dix jours ouvrés. Cette procédure est entièrement gratuite. Aucuns frais supplémentaires ne peuvent être réclamés au client.
L’abonné peut également demander à recevoir chaque mois une facture détaillée sur laquelle sont recensés tous les appels passés. Et s’il n’avait pas demandé cette option mais qu’il souhaite vérifier a posteriori un montant, c’est possible. L’arrêté précise en effet que l’abonné qui reçoit déjà une facture papier peut demander à son opérateur de lui envoyer une facture détaillée correspondant aux communications passées au cours des douze derniers mois. Une seule condition pour en bénéficier : ne pas déjà en avoir reçu un exemplaire. Enfin, dernière possibilité mise en avant dans l’arrêté : la possibilité, sur simple demande, de voir apparaître sur ses factures détaillées les 4 derniers chiffres des numéros appelés (par défaut, ils sont cachés).
Voilà qui devrait apporter de la clarté dans une pratique très floue, certains opérateurs ayant un peu trop tendance à refuser d’envoyer une facture papier aux clients qui le demandent, au mépris de la réglementation.
Tous les litiges liés à la facturation ne sont pas résolus pour autant. Les consommateurs sont encore nombreux à se voir facturer des communications qu’ils assurent ne pas avoir passées ou encore à découvrir que le montant à payer est mystérieusement supérieur de 1 centime par rapport à ce qu’il devrait être.
Cyril Brosset – www:quechoisir.org – 01/2014