Des compléments pas anodins
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Combattre la fatigue, baisser son taux de cholestérol, garder la ligne, stopper la chute des cheveux, vaincre le stress, stimuler sa mémoire… les arguments des compléments alimentaires sont vendeurs. Au point qu’en France, un adulte sur cinq et un enfant sur dix en consomment au moins une fois dans l’année. Pourtant, ces produits ne sont pas sans danger, comme le rappelle une étude de l’Anses (Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Depuis le lancement, en 2010, de son dispositif de « nutrivigilance », qui surveille également boissons énergisantes et autres aliments enrichis, l’Anses a reçu plus de 1 500 signalements d’effets indésirables liés à ces produits. « Cela va de la simple gêne, des rougeurs, des démangeaisons à des hospitalisations pour hépatites », explique Franck Fourès, son directeur adjoint santé/alimentation. Les risques sont autant dus au complément alimentaire en tant que tel qu’à l’interaction avec des médicaments, au non-respect du dosage ou encore à l’absorption de produits incompatibles avec l’état de la personne. L’Anses met ainsi en garde contre les compléments à base de levure de riz rouge. Ces « pilules miracle », censées faire baisser le taux de cholestérol, peuvent causer de graves problèmes hépatiques. Prisés pour leurs vertus soi-disant amaigrissantes, les compléments riches en p-synéphrine, extrait de l’écorce d’orange amère, peuvent provoquer des troubles cardio-vasculaires, voire neurologiques, s’ils sont associés à la caféine. Des cas d’intoxication ont aussi été recensés par les consommateurs de spiruline, complément alimentaire à base d’algues. Ceux contenant de l’iode sont à bannir en cas de problèmes de thyroïde, ceux renfermant du millepertuis, considéré comme un antidépresseur, sont à exclure chez les personnes sous anticoagulants. En dehors d’un apport en nutriments par comprimés justifié par une raison médicale, mieux vaut manger varié et équilibré plutôt que de prendre des compléments alimentaires pour pallier un supposé manque.
wwwquechoisir.org 11/2014