Téléphonie mobile: Extension limitée de la couverture
L’accord signé entre le ministère de l’Économie et les 4 opérateurs de téléphonie mobile devrait permettre à des milliers de foyers d’être enfin couverts en 2G et en 3G d’ici quelques mois. Pour autant, tout le monde n’en bénéficiera pas forcément.
Jeudi dernier, le ministre de l’Économie Emmanuel Macron et sa secrétaire d’État chargée du numérique Axelle Lemaire se félicitaient de l’accord qu’ils venaient de signer avec les opérateurs de téléphonie mobile. Sous leur pression, Orange, SFR, Bouygues et Free se sont engagés à combler toutes les zones blanches d’ici la fin 2016. Six mois plus tard, ces mêmes zones devront aussi être couvertes en 3G. 160 communes ne bénéficiant d’aucune couverture mobile sont concernées, peut-être plus. Les opérateurs vont même plus loin. Lorsqu’une commune comprend plusieurs centres-bourgs (suite à un regroupement de communes, par exemple), chacun d’entre eux sera couvert. Les opérateurs s’engagent enfin à couvrir, d’ici 4 ans, quelque 800 zones éloignées des habitations mais nécessitant une couverture (un camping, un stade ou une zone d’activité excentrée, par exemple). Les élus demandeurs pourront, dès 2016, déposer leur dossier à un guichet unique mis en place pour l’occasion par l’Agence du numérique. Dans chacune de ces zones, les réseaux des quatre opérateurs seront accessibles grâce à une mutualisation des efforts.
Pour autant, si vous pensiez pouvoir bientôt téléphoner au beau milieu de la Camargue ou utiliser votre smartphone depuis votre chalet perdu dans la montagne, ne rêvez pas. En fait, seules les personnes situées dans un rayon d’environ 500 mètres autour des centres-bourgs pourront capter le signal. Bon nombre d’habitations isolées ne seront donc pas couvertes. Quant aux zones sans habitations, elles ne sont pas concernées. Or, celles-ci sont très nombreuses, comme on peut le voir notamment en consultant notre carte interactive de la couverture mobile, alimentée par notre application Info-réseau.
Il demeure aussi un autre point d’interrogation : la qualité du signal fourni. Ce n’est pas parce qu’une habitation sera officiellement considérée comme « couverte » par un réseau de téléphonie mobile que ses habitants capteront parfaitement le signal dans toutes les pièces de la maison ou bénéficieront d’un débit suffisant en 3G pour se connecter à Internet. Encore faut-il, pour cela, que le réseau ait été suffisamment dimensionné par l’opérateur.
Enfin, il faudra que les opérateurs tiennent leurs engagements. Le dernier programme « Zone blanche » signé en 2009 n’est jamais allé jusqu’à son terme. Les uns après les autres, les opérateurs avaient stoppé leurs développements sans que personne ne leur dise rien. Cette fois, l’Arcep, l’Autorité de régulation des communications, ne devrait pas hésiter à user de son droit de sanction si un ou plusieurs opérateurs ne jouaient pas le jeu.
Cyril Brosset – wwwquechoisir.org – 06/2015