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Chauffage électrique

Chauffage électrique: tout le monde paie

Le chauffage électrique est moyennement confortable, mais cher à l’usage. Et ce, non seulement pour l’utilisateur, mais en réalité pour tous les Français.
L’électricité ne se stockant pas, il faut la produire au fur et à mesure et les besoins varient selon les saisons et selon les heures. Mais en France, royaume du tout – nucléaire, le chauffage électrique provoque un pic de consommation tel que, depuis plusieurs hivers, on craint un black-out majeur.
Alors que les autres pays européens ont adopté d’autres systèmes de chauffage, 35 % des logements français sont chauffés à l’électricité. Et il ne s’agit pas de logements rénovés, mais récents ou neufs : dans les années 1980, 70% des logements neufs en étaient équipés ; après être descendu un peu au-dessus de 50 % dans la decennie 1990, le chiffre est remonté à 70 % depuis.
Bien sûr, les besoins de consommation déterminent les capacités de production et le réseau de transport et de distribution du courant ; d’autant plus que l’on veut éviter le black-out au moment des vagues de froid. Or, les pointes de consommation sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus importantes. Tous les records sont battus ; hélas, ils sont peu enviables ! Et en cas de vague de froid comparable à celle de février 2012, des difficultés sont à prévoir d’ores et déjà, et elles vont aller en s’aggravant.
Mais ce n’est pas tout ! Si ces pointes de consommation servent de base au dimensionnement de toute l’infrastruture, elles coûtent une fortune : construire tout un réseau pour ne le faire fonctionner à plein régime que quelques jours par an n’est pas une situation économique pour les Français. Si en plus, au moment des vagues de froid, il faut importer de l’électricité à prix d’or (3000€ le mégawattheure en période de pointe, alors que son prix de production normale tourne autour de 50€ !), cela devient ruineux !
Les experts de l’UFC-Que Choisir ont étudié la question et en décembre 2012, ont abouti à la conclusion que l’ensemble des consommateurs se retrouve lourdement taxé au profit du seul chauffage électrique. En effet, il s’avère que le coût de production est sous-facturé (de 8 %) à ceux qui utilisent le chauffage électrique, mais surfacturé (de 2 %) à ceux qui utilisent un autre mode de chauffage. Quant aux coûts de transport et de distribution, ils sont intégrés aux prix des abonnements : la tarification est inversement proportionnelle au coût réel !
En effet, un foyer abonné au 6 kva, sans chauffage électrique, paie 456€ d’abonnement ; mais un foyer abonné au 9 kva, avec chauffage électrique, paye 21€ (heures pleines / heures creuses) !
Dès l’été 2013, ce déséquilibre va se réduire un peu grâce au nouveau TURPR (tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité). La Commision de régulation de l’énergie songe à y introduire une variable ‘’saison’’, où les pics seraient facturés plus cher. Même si l’abandon du chauffage électrique est infaisable à moyen terme, tout le monde y aurait intérêt, à commencer par ses utilisateurs ; car, dès 2015, les tarifs intègreront les coûts réels, et donc les surcoûts des pointes hivernales ; les factures vont, elles aussi, atteindre des pics !
Comment réduire la dépendance à ce mode de chauffage ? l’UFC-Que Choisir demande un audit énergétique des logements pour identifier les plus gourmands en électricité ; elle propose ensuite trois mesures encourageant les économies d’énergie : une fiscalité incitant propriétaires occupants ou bailleurs à effectuer des travaux d’isolation et à changer de mode de chauffage ;
– un bonus-malus énergétique : malus en l’absence de travaux ; bonus en cas de rénovation efficace ; et, en cas de rénovation BBC, exonération de taxe foncière ;
– un tiers investissement pour les foyers en difficultés ; l’investisseur est ensuite rémunéré par les économies d’énergie ; c’est aussi ce que propose la Caisse des Dépôts et Consignations.

MT/2013

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