Coût de la vie
Coût de la vie ou coût de l’euro: on en reparle 10 ans après
Vous rêvez de sommets altiers et de descentes vertigineuses ? Rien de plus simple : contemplez les étiquettes de prix et regardez le vide de votre porte-monnaie ! Ne rêvez plus, vous êtes bien dans l'Himalaya-Euroland !
Toujours premier de cordée dans les hautes altitudes, Sa Majesté Petroleum 1er. Ce n'est pas l'euro qui lui donne tant de souffle, mais la demande des gens des villes et les conflits et tensions géopolitiques des champs pétroliers du Proche et du Moyen-Orient. Le prix des carburants a grimpé plus vite que l'inflation ; ce serait pire encore si nous avions notre cher petit Franc national ; en effet, nous l'aurions dévalué, et l'or noir, produit d'importation payé en dollar US, atteindrait des prix prohibitifs et nous en seions réduits à nous déplacer à dos de yak !
Son fidèle et loyal Sherpa, Gazgaz, le suit comme son ombre : malgré la libéralisation du marché de l'énergie, le prix du gaz reste correlé à celui du pétrole. En infatigable porteur, au gros sac et aux poches profondes, il a pu amasser 62,3% de hausse en dix ans !
Un autre de ces êtres lumineux, toujours volontaires pour les hauteurs : son frère jumeau, Hedeheffe. Le prix de l'électricité a, lui aussi, escaladé la montagne plus vite que l'inflation :
17,8% en dix ans contre une inflation de 15,2%.
Autre grimpeur de renom, Son Altesse Lapierre : loyers raides, charges abyssales, prix d'achat infranchissables, rien ne l'arrête ! Seul le gel lui fait un peu peur. Mais, pas de risque, rien n'est figé et de bons gros gants lui permettent de se servir en toutes circonstances. De petits malins ont essayé de s'échapper de cette face nord impraticable en allant vivre aux champs, à la périphérie des villes où les prix du logement sont plus raisonnables. Rira bien qui rira le dernier, les rois du pétrole les ont attrapés dans leurs griffes de gypaète barbu. Non, ce n'est pas le Père Noël, mais un puissant vautour…
Plus discrète, mais non moins réputée, Son Altesse Lassurance ! Elle a vaincu de nombreux sommets : multirisques-habitation ; auto ; complémentaires-santé ; toutefois, elle n'est pas insensible à la concurrence et peut se montrer raisonnable dans ses primes pour arracher à une rivale une proie intéressante, genre bon conducteur…
Même les yaks ont pris goût à la grimpe ! Les caravanes de la RATP (bus et métro) ont majoré leurs prix ; dans les autres villes, les prix s'envolent aussi dans les transports en commun.
Quant aux porteurs chargés d'approvisionner en nourriture, produits d'hygiène, vêtements, etc…, ce sont des ''coolies'' rompus aux astuces du commerce. Avant le passage à l'euro, les Oshan, Kazino, Carfour, Lekler avaient tous augmenté leurs prix. Ensuite, pendant un semestre, ils ont attendu patiemment en préparant les nouvelles étiquettes dans leur arrière-boutique ! Petit à petit, les nouveaux prix se sont révélés ; à la hausse, bien sûr !
L'oxygène vous manque ? Le froid vous glace ? Un peu de soleil va vous revigorer ! Les prix des produits électroniques de la TV-Hifi-Vidéo, ont considérablement baissé. Les prix des voitures n'ont pas augmenté non plus ; surtout, les prix des petits modèles sont plus abordables par comparaison avec le coût horaire du travail. Quant à l'électroménager, ses prix sont stables depuis une dizaine d'années. Ce n'est donc pas l'euro qui nous donne le mal des hauteurs.
Mais alors d'où provient cette sensation d'épuisement total ? C'est que, dans l'air raréfié des hautes altitudes, vous avez rencontré de nouveaux amis, que vous ne quittez plus : votre téléphone mobile ; Internet ; triple play, quadruple play, etc… ! Votre banquier, aussi, vous offre de nouveaux services, mais il ne dématérialise pas son appétit !
Pour faire face à toutes ces nouvelles dépenses, répétées mois après mois comme les crevasses d'un glacier sans fin, beaucoup de gens rognent sur les budgets alimentaires, médicaux, etc… ; c'est-à-dire sur ce qui devrait être prioritaire. Et lorsque les besoins fondamentaux sont sacrifiés, une pénible impression s'installe : on pense qu'on n'y arrive plus et on croit que le sommet s'éloigne. Que faire ? Etudier attentivement ses besoins réels ; passer en revue tous les contrats pour éviter les doublons ; être attentif au gaspillage (robinets ; veille des appareils ; ne pas faire chez soi de ''Son et Lumière'' ou de ''Grandes Eaux'' comme à Versailles…). Par contre, ayez toujours un oursin dans la même poche que votre carte de crédit… Enfin, prenez grand soin de vos piolets et crampons car vous en aurez encore besoin, ces virtuoses de l'ascension nous préparent encore de belles sorties d'escalade… les prochaines devant être électriques, énergétiques, etc…
MT/03/2012