Fiabilité auto l’enquête
Où en sommes nous de la fiabilité des véhicules: l’UFC-Que Choisir a enquêté
Contrairement aux vieilles légendes automobiles, ‘’luxe’’ n’est pas synonyme de ‘’fiabilité’’. La meilleure note en fiabilité est attribuée à Dacia, la voiture initialement destinée aux ‘’pauvres’’ peuples des anciens ‘’pays de l’Est’’, alors que les voitures de ‘’capitalistes’’ sont plus bas dans les classements !
Au printemps 2011, l’UFC-France s’est associée avec ses partenaires belges, italiens, espagnols et portugais pour effectuer une enquête très détaillée sur la fiabilité des modèles de chaque constructeur. Modèle par modèle, quatorze critères étaient pris en considération pour établir la note finale. Plus de 29000 automobilistes ont répondu, ce qui rend l’évaluation elle-même fiable, surtout que ces conducteurs, d’âge mûr (56 ans d’âge moyen), étaient à 82,9 % des messieurs…
Nos trois constructeurs français, Citroën, Peugeot et Renault, ont chacun, gagné trois places dans le classement par rapport à la précédente enquête, réalisée deux ans plus tôt. Ils sont respectivement 18ème, 21ème et 25ème, mais leurs modèles les plus récents sont très bien classés dans leur catégories : chez les citadines, la Citroën C1 est troisième, deux versions de la Peugeot 207 sont cinquième et sixième ; chez les compactes, la Citroën C4 est troisième et la Peugeot 308 sixième ; enfin, chez les SUV, c’est la Peugeot 3008 qui se classe en tête. Néanmoins, l’indice de fiabilité lui-même baisse chez tous les constructeurs, y compris les marques hexagonales (2 à 3 points de moins).
Même si les constructeurs français ont pour préoccupation, constante la qualité de leurs produits, de leur conception à leur livraison, en passant par la fabrication, et même si les véhicules sont testés par des employés ordinaires du constructeur en plus de ses essayeurs professionnels, le ‘’zéro défaut’’ n’est pas pour demain. En cause, le Dr Jekyll-Mr Hyde de l’automobile, l’électronique…
Les pannes classiques ont quasiment disparu : plus de bielle coulée, ni de boîte de vitesses explosée, ni de joint de culasse cassé. La très grande majorité des pannes est liée à l’électronique. Les équipements électroniques, qui apportent confort, sécurité, vertus écologiques, représentent environ 30 % du coût d’une voiture. Ils sont très nombreux, avec l’obligation de travailler sans se perturber les uns les autres, d’où la nécessité absolue de ‘’compatibilité électromagnétique’’.
Sur un réseau de bord multiplexé, l’interconnexion peut engendrer des bugs : en effet, le multiplexage fait circuler sur un même fil de très nombreuses informations. Sur cette ‘’autoroute de l’information’’, plus de 350 informations circulent, à destination de plusieurs calculateurs. Les ‘’bugs’’ ne sont pas rares, loin s’en faut : les deux premiers défauts cités par les automobilistes interrogés sont d’ordre électronique : pannes de fusibles, verrouillage centralisé, etc…, avec plus de 20 % des réponses concernant les systèmes électriques ; et, avec plus de 12 %, l’électronique du moteur, du câblage et de l’allumage (gestion moteur, préchauffage, alternateur, démarreur…) Or, les fabricants manquent de recul pour corriger ces défauts, les centres de tests sont récents. L’électronique est un vrai souci pour les réparateurs. Quant aux clients, les réparations leur coûtent de plus en plus cher !
Sur les 21 marques étudiées sur ce critère, 12 sont plus chères, 3 sont stables, 6 baissent. Même Dacia, qui est la marque la moins chère pour l’entretien, voit sa facture ‘’entretien’’ augmenter de 15 % par rapport à l’enquête d’il y a deux ans !
Comme les équipementiers réalisent désormais environ 75 % de la fabrication (et, donc, du prix de revient) d’une voiture, ils participent de plus en plus étroitement à la phase de conception ; ils sont aussi associés aux tests réalisés tout au long de la phase de production. Les fabricants ont imposé à leurs fournisseurs extérieurs un référentiel de qualité spécifique obligatoire, qui définit toutes les exigences à respecter. L’électronique elle-même vient au secours de l’électronique : simulation par ordinateur, robotique, etc… permettent de ‘’maltraiter’’ des pièces, et donc de fabriquer des pièces plus résistantes. Mais la fabrication en grande série peut engendrer des problèmes, qui ne surviennent pas sur des véhicules de test, seulement fabriqués en tout petit nombre. Les erreurs de montage sont possibles. Enfin, pour tous les équipements nouveaux (écran tactile, commande vocale, téléphone intégré, etc…), les retours d’expérience manquent encore. D’autant plus que chaque conducteur est unique aussi bien dans sa façon de piloter que dans les conditions d’utilisation de son véhicule.
Pour tenter de limiter les conséquences fâcheuses de l’introduction de ces nouvelles technologies, les constructeurs automobiles se doivent de mettre en place des services après-ventes efficaces. Malheureusement, tous ne sont pas à la hauteur : près d’un quart des automobilistes de cette enquête n’étaient pas satisfaits de leur concessionnaire.
La voiture de Monsieur-Tout-le-monde n’est pas encore celle de James Bond ! Mais rappelez-vous, disait Hitchcock, ce n’est que du cinéma…
En attendant, pour choisir la future voiture de vos rêves, mais bien réelle, vous pouvez consulter les résultats de notre enquête modèle par modèle sur www.quechoisir.org/auto, qui vous donnera bien des renseignements utiles en plus.
MT/04/2012