La lutte contre le spoofing téléphonique s’intensifie en France
À compter du 1er octobre 2024, une nouvelle étape majeure dans la lutte contre les appels frauduleux entre en vigueur. Les opérateurs téléphoniques français doivent désormais bloquer automatiquement les appels dont le numéro ne peut être authentifié, dans le cadre de la loi Naegelen, adoptée en 2020. Ce dispositif vise principalement à lutter contre l’usurpation de numéros de téléphone, aussi appelée caller ID spoofing, une méthode couramment utilisée par les escrocs pour se faire passer pour des conseillers bancaires et tromper les particuliers.
Qu’est-ce que le spoofing ?
Le spoofing est une technique utilisée par les fraudeurs leur permettant d’afficher un numéro de téléphone différent de celui qu’ils utilisent réellement pour appeler. Cette technique, très prisée pour l’arnaque au faux conseiller bancaire, repose sur la capacité des escrocs à se faire passer pour une institution de confiance en usurpant l’identité d’un numéro fiable. Par exemple, un fraudeur peut faire croire à sa victime qu’il appelle depuis une banque ou une administration, alors qu’il n’en est rien. L’objectif : obtenir des informations sensibles telles que des identifiants bancaires ou inciter la victime à effectuer des opérations frauduleuses.
Les nouvelles obligations des opérateurs téléphoniques
La loi Naegelen impose désormais aux opérateurs téléphoniques de vérifier l’authenticité des numéros d’appel et de couper ceux qui ne peuvent être validés. Ce Mécanisme d’Authentification des Numéros (MAN) est en place depuis le 1er juin 2024, et son application à grande échelle a débuté le 1er octobre. L’enjeu est de bloquer les appels frauduleux avant même qu’ils ne puissent atteindre leur cible.
Cette mesure devrait permettre de réduire les arnaques bancaires, dont les fraudes par manipulation ont représenté un coût de 379 millions d’euros en 2023, selon l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement. Bien que ces fraudes incluent d’autres techniques (phishing, spam, etc.), le spoofing téléphonique reste l’un des outils préférés des escrocs.
Une mise en œuvre progressive
Toutefois, cette nouvelle mesure ne concerne pour l’instant que les appels émis vers ou depuis des lignes fixes. Bien que la majorité des fraudes soient dirigées vers les téléphones portables, la Banque de France estime que les numéros fixes sont plus couramment usurpés.
Dans cette phase initiale, les appels vers les mobiles ne sont pas encore pleinement concernés par ce dispositif, mais des extensions à d’autres réseaux (mobiles, réseaux d’entreprise) sont prévues pour les prochaines étapes.
Un dispositif perfectible mais prometteur
Le MAN représente une avancée significative dans la protection des consommateurs contre les escroqueries téléphoniques, mais il ne constitue pas une solution complète. En effet, si le système d’authentification permet d’intercepter les appels frauduleux, il ne peut rien contre d’autres méthodes d’arnaques, comme les ping calls (appels en absence incitant à rappeler un numéro surtaxé), le phishing par SMS, ou encore les spams.
Pour cette raison, les autorités recommandent aux particuliers de rester vigilants. Ne jamais partager d’informations bancaires par téléphone, même en cas de doute sur l’identité de l’appelant, et éviter de réaliser des opérations financières sous pression sont des précautions essentielles. Il vaut mieux prendre le temps de vérifier l’authenticité d’un appel en contactant directement l’institution concernée.
Conclusion : une protection renforcée mais une vigilance nécessaire
La loi Naegelen, avec son mécanisme d’authentification des numéros, marque un tournant dans la lutte contre les arnaques téléphoniques en France. Si ce dispositif promet de réduire le nombre de fraudes, il ne faut pas baisser la garde. Le spoofing, bien que limité, persistera encore un moment, et les escrocs trouveront probablement d’autres moyens pour tenter de tromper leurs victimes. En attendant, la prudence reste de mise, notamment face aux appels et SMS suspects.
UFC-Que Choisir de Marseille & des Alpes-Maritimes
Octobre 2024