Librairies en ligne Moins de ristournes
Après les députés, les sénateurs ont adopté à l’unanimité une proposition de loi qui encadre les ristournes accordées à leurs clients par les libraires en ligne. Bientôt, ils ne pourront plus cumuler la gratuité des frais de port et le rabais de 5 % sur le prix des livres fixé par l’éditeur. Gouvernement et libraires indépendants s’en réjouissent.
C’est une petite victoire des libraires traditionnels sur leurs concurrents en ligne. Après les députés, qui s’étaient prononcés début octobre, les sénateurs ont adopté la proposition de loi qui interdit aux libraires en ligne de cumuler la gratuité des frais de port et le rabais de 5 % sur le prix fixé par l’éditeur. La livraison gratuite est un argument commercial important pour les libraires en ligne, surtout pour le géant Amazon, qui en a fait une arme marketing de premier plan.
La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, s’est félicitée de ce vote. « Cette proposition de loi modernise la loi du 10 août 1981 sur le prix unique du livre pour l’adapter à l’ère numérique », explique le ministère dans un communiqué. « Je m’engage à ce que la navette soit la plus rapide possible », a précisé la ministre, pour ce texte qui doit encore passer en seconde lecture à l’Assemblée nationale avant d’être définitivement adopté. Ensuite, les librairies en ligne disposeront de trois mois pour s’y conformer.
Même satisfaction du côté des libraires. Pour le Syndicat de la librairie française, ce texte va « considérablement limiter le « dumping » d’Amazon sur les ventes de livres. Rappelons que ce « dumping » consiste pour Amazon à vendre à perte (plus de 2 milliards d’euros de pertes annuelles au niveau mondial liées aux frais de port) afin d’étouffer la concurrence et d’occuper à terme une position hégémonique sur le marché du livre qui lui permettra de relever les prix au détriment des lecteurs. »
Évidemment, le géant américain ne fournit pas la même analyse. De son point de vue, « toute mesure visant à augmenter le prix du livre sur Internet pénaliserait d’abord les consommateurs français en affaiblissant leur pouvoir d’achat. Cela créerait également une discrimination pour le consommateur choisissant Internet. » De fait, s’il doit systématiquement payer des frais de port, le consommateur sera le grand perdant de ces nouvelles conditions d’encadrement de vente de ligne. À moins que les e-libraires ne s’amusent à contourner la nouvelle réglementation sur les conditions de vente à distance des livres en faisant payer la livraison à peine quelques centimes…
Camille Gruhier – www:quechoisir.org 01/2014