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Médecin et désert

Ophalmologistes – la pénurie saute aux yeux

Sans être tout à fait une espèce en voie d’extinction, les ophtalmologistes se raréfient et en 2025, ils seront 2000 de moins qu’aujourd’hui…
Si actuellement, à Paris et sur la Côte d’Azur, les ophtalmos sont assez nombreux pour accorder des rendez-vous dans des délais raisonnables, il n’en est pas de même dans le ‘’désert’’ français ! En effet, Paris compte 13,1 ophtalmos pour 100 000 habitants ; en Provence-Alpes-Côte d’Azur, la densité est de 12,1 pour 100 000. Mais elle tombe à 6,7 pour 100 000 en Champagne-Ardenne, dans le Nord-Pas-de-Calais, en Franche-Comté, dans le Centre et en Picardie.
En moyenne en France, selon le Syndicat des ophtalmologistes (SNOF), le délai pour obtenir un rendez-vous est de trois mois.
Certains patients se voient contraints de se déplacer vers des villes plus fournies en ophtalmos (par exemple 250 km aller-retour) ou programment des rendez-vous sur leurs lieux de vacances si les délais sont moins longs. De nombreux témoignages attestent d’une attente très commune de six mois ; et une attente de plusieurs mois, voire d’une année, est de plus en plus courante.
Pour les patients suivis régulièrement, le problème est moins aigu, car les rendez-vous sont planifiés d’une consultation sur l’autre ; mais pour les autres, dont le suivi est moins régulier, ou qui ont déménagé, ou dont l’ophtalmo prend sa retraite, ou confrontés à un problème de vision nouveau, il faut téléphoner un jour par mois, ou même tous les trois mois ; le reste du temps, le carnet de rendez-vous n’est pas ouvert. Et les jours où il est ouvert, le standard téléphonique est saturé, et donc injoignable pour de nombreux patients. Bref, la quadrature du cercle !
Pourquoi et comment en est-on arrivé là ? La liberté d’installation aboutit à une mauvaise répartition des professionnels selon les régions, et aussi entre les grandes villes et les autres. Les capacités de formation des hôpitaux ne sont pas illimitées ; de plus, en raison du numerus clausus, augmenter le nombre d’ophtalmos reviendrait à diminuer le nombre d’internes des autres spécialités. Quant à la population, elle augmente et surtout, elle avance en âge : les pathologies liées à l’âge (cataracte, glaucome, DMLA, etc…) sollicitent fortement les ophtalmos.
D’autre part, le nombre de personnes atteintes de diabète de type 2 ne cesse d’augmenter ; d’où la progression des actes de surveillance de la rétinopathie ou de sa prévention. Une solution à ce problème semble résider dans le report vers les orthoptistes d’une partie des tâches des médecins, jusqu’à un tiers des actes. Les orthoptistes sont formés pour mesurer la vision, prendre la tension, examiner les muscles, suivre les problèmes de réfraction (myopie, presbytie, astigmatisme, hypermétropie). Ils n’ont pas le droit de prescrire verres ou lentilles, d’ordonner des examens complémentaires, de rédiger l’ordonnance. Et l’examen de l’œil reste effectué par le médecin.
Toutefois, les orthoptistes sont compétents pour effectuer le dépistage de la rétinopathie (du patient diabétique) par rétinographie ; les résultats de cet examen sont ensuite transmis à l’ophtalmo pour interprétation.
D’ici à 2025, 80% des ophtalmos travailleront avec l’aide d’orthoptistes. A condition qu’ils soient en nombre suffisant ! Selon le SNOF, il faudrait en former entre 350 et 400 par an pour répondre aux besoins et assurer à tous les Français, des villes ou des champs, des beaux quartiers ou des autres, un accès à des soins de qualité dans des délais supportables.

MT/11/2012

 

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