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Médicaments et prix

Les médicaments leur coût, leur distribution…

Quels sont les médicaments en vente libre ? Deux catégories de médicaments délivrés sans ordonnance cohabitent dans les officines pharmaceutiques. Ce n’est pas une question de générique ou de médicament sous brevet, c’est une question de vignette avec remboursement par la Sécurité Sociale, ou pas. Et c’est là que le bât blesse le patient…
Catégorie la plus ancienne, les médicaments à vignette. S’ils avaient été prescrits par l’ordonnance d’un médecin, ils auraient été remboursés. Aussi, ils sont soumis à une TVA réduite (2,1 %) et, surtout, leurs prix sont négociés par les fabricants avec les pouvoirs publics. Identiques sur tout le territoire national, leurs prix réglementés sont plus intéressants pour le consommateur, mais beaucoup moins pour les pharmacies. Bien sûr, parmi les médicaments à vignettes, les génériques sont les plus économiques, souvent 20 % moins chers.
Le problème de ces médicaments à vignettes est que la loi ne leur permet pas d’être mis en valeur ni dans l’officine, ni en publicité… La plupart d’entre eux sont dans des tiroirs et c’est au consommateur de les demander au pharmacien, qui préfère souvent vendre des produits aux prix libres…
Cette seconde catégorie à prix libre, représente 80 % des ventes sans ordonnance. Non remboursés par la Sécurité Sociale, ces médicaments sont soumis à une TVA de 7 %. Parfois, ce sont les pouvoirs publics qui refusent la prise en charge. Mais, souvent, c’est le fabricant qui ne la demande pas.
Et pour cause : il peut faire toute la publicité qu’il veut pour son produit ; et fabricant comme pharmacien peuvent fixer les prix en toute liberté. Ils ne se sont pas privés de les augmenter : 43% sur les prix des médicaments libéralisés depuis 2006 ou 2008 ! À chaque fois qu’un médicament a été déremboursé, son prix a grimpé en flèche…
Plus subtil encore, des différences d’appellation, en petites lettres bien sûr, amènent le client à confondre le médicament à vignette avec son faux-frère à prix libre, donc plus cher. Un seul exemple : le Gavisconell, libre de coûter 68 % de plus que le Gaviscon !
Autre subtilité linguistique : la notice donne des indications thérapeutiques qui varient selon les médicaments, à vignette ou sans, alors qu’ils ont la même composition : Biafine et BiafieAct, par exemple.

Pire encore pour le consommateur, certains médicaments à prix libre n’ont pas d’équivalent à vignette. Ou bien, lorsqu’ils en ont un, ce dernier n’est délivré que sur ordonnance alors qu’il peut être jusqu’à 50 % moins cher…
Une étude de l’UFC a établi que ces médicaments en vente libre représentent 1/3 des dépenses de médicaments des ménages français et que les 4/5 de ces ventes concernent des médicaments non remboursables (1,65 milliard d’euros en 2011 sur les 2,1 milliards d’euros de dépenses d’automédications). Il est vrai que les Français consomment beaucoup plus de médicaments que les autres membres de l’OCDE. L’étude de l’UFC-Que Choisir démontre aussi que depuis 1998, les médicaments à prix libres ont augmenté de 47,8 %, alors que ceux à prix réglementés diminuaient de 24 %. Quant aux marges des officines, si elles sont en moyenne de 23,54 % du chiffre d’affaires, elles varient selon les produits vendus : 21,3 % pour les médicaments remboursables, mais 34,1 % pour les spécialités en vente libre !
C’est la raison pour laquelle l’UFC-Que Choisir demande une véritable libéralisation encadrée de la vente de ces médicaments disponibles sans ordonnance.
Le monopole des pharmacies serait tout à fait justifié si des conseils, des mises en garde étaient effectivement dispensés par les pharmaciens, mais nos deux dernières enquêtes (2009 et 2012) démontrent le contraire.
Le chiffre d’affaires total des officines ne serait que peu affecté : leur marge s’en trouverait réduite de 3,7 à 5 % seulement, si une libéralisation encadrée était effectivement mise en œuvre. Cette mesure permettrait d’augmenter de 10 % le nombre de points de vente de médicaments sans ordonnance.
Il faut en effet replacer l’automédication dans son contexte économique : si elle représente un tiers des dépenses de médicaments payées par les ménages, elle ne représente (pour l’instant) que 6,4 % des dépenses de médicaments en pharmacie d’officine, les médicaments les lus coûteux étant vendus sur ordonnance et donc remboursés aux assurés.
Une libéralisation encadrée n’aboutirait donc pas à des fermetures de pharmacies (sauf dans les quartiers où elles sont en surnombre) ni à la désertification pharmaceutique des zones rurales ou des petites villes.
Elle rendrait obligatoire la présence d’un pharmacien (salarié ?) sur le lieu de vente. De plus, en offrant une plus grande amplitude horaire et des prix plus compétitifs, elle permettrait de lutter contre un fléau des temps modernes : la contrefaçon, dont la commercialisation est facilitée par Internet, où se côtoient le meilleur et le pire.
Même en vente libre, un médicament n’est pas une friandise. Il est un produit actif qui n’est jamais sans incidence sur l’organisme. Consommé intelligemment, il a contribué à l’allongement de notre espérance de vie. Mais qui dit liberté, dit aussi information, éducation et sens des responsabilités.

Quand l’UFC dit information, elle ne dit pas publicité et marketing…

MT/06/2012

 

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