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Rupture de stock, flux tendu, lenteur du réassortiment, quand la pénurie du médicament nous guette

Les ruptures de stock de médicaments sont de plus en plus fréquentes dans les officines des grandes villes comme des petites. Ce n'est pas la faute de votre pharmacien s'il n'arrive pas à obtenir le médicament qui vous a été prescrit ; même en le commandant auprès de son grossiste-répartiteur, il n'est pas sûr de l'obtenir, car de plus en plus de références manquent au quotidien, et parfois pendant plusieurs semaines.

Tous les types de médicaments sont touchés, même ceux qui doivent être pris de façon ininterrompue (antihypertenseursn antidiabétiques, antirétroviraux, contraceptifs, etc.). Avant l'été, la situation devient difficile, car de nombreux malades partent en vacances avec un ou deux mois de traitement d'avance : les officines n'ayant pas, ou peu, de stock, la pénurie est critique.

Comment et pourquoi en est-on arrivé là ? Les grossistes-répartiteurs ont une mission de service public : avoir toujours quinze jours de stock de 90% des médicaments qu'ils vendent, de façon à assurer l'approvisionnement des officines françaises.

Mais ils ont le droit de vendre dans le reste de l'Europe des médicaments initialement destinés au marché français. Et ils ne se privent pas de le faire car les marges bénéficiaires sont bien plus élevées en Europe qu'en France, où elles sont presque nulles.

Les laboratoires s'estiment donc lésés et ont mis sous quotas des centaines de médicaments ; ils rationnent chaque grossiste selon ses parts de marché.

Dès que le quota est atteint, les livraisons du laboratoire cessent.

Le pharmacien qui ne peut être livré par son grossiste s'adresse alors directement au laboratoire. Mais si le délai de livraison paraît trop long, le pharmacien s'adresse aux pharmacies hospitalières, dont les stocks sont confortables. En effet, elles ne dépendent pas des grossistes, elles commandent directement auprès des laboratoires. Elles se montrent serviables et dépannent de bonne grâce les pharmacies d'officine.

Mais ces tensions entre laboratoires et grossistes-répartiteurs ne sont pas la seule cause de cette pénurie.

Défauts révélés par une inspection ; fermeture du laboratoire pour réorganisation informatique ; ou pour catastrophe naturelle, ou pour intempéries ; grève des transports ; défaillance d'un sous-traitant ; concentration de la production mondiale sur un seul site ou deux ; pénurie de matière première ; organisation du travail en flux tendu avec zero stock ; enfin, lorsque le brevet d'un médicament va tomber dans le domaine public, le fabricant du médicament de marque s'attend à voir arriver les génériques, bien moins chers ; il ralentit la production ; si les génériques tardent à arriver sur le marché, une période de rupture se produit.

Mais certains produits utilisés par les hôpitaux, en cancérologie par exemple, manquent parfois aussi. Des produits de substitution arrivent de l'étranger, mais leur utilisation nécessite une période d'adaptation. Parfois, ce sont des examens qui doivent être retardés, ce qui est dur pour le malade qui attend de savoir s'il est définitivement guéri, du caancer de la thyroïde, par exemple.

Tout le monde a sonné l'alarme auprès du Ministère de la Santé : organisations de patients, de pharmaciens ont été réunies au Ministère en septembre 2011.

Un décret est en préparation en vue de renforcer les obligations de service public, d'établir une liste de médicaments ''sensibles'' que le fabricant devrait avoir en stock permanent et suffisant.

Les pharmaciens auraient en outre la possibilité d'alerter en direct les autorités, qui pourraient alors, à partir de signalements précis, effectuer des contrôles sur les circuits d'exportation.

MT/03/2012

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