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Sante notre système est malade

Aux dépens d’une santé qui nous est chère

Notre système de santé est malade ! Et ses pathologies sont diverses et variées ; d’un des meilleurs du monde il y a encore quelques années, il en est venu à ressembler au système américain, alors même que les Etats-Unis tentent d’évoluer vers un système à l’européenne.
Bien sûr le déremboursement d’un nombre croissant de médicaments a freiné l’augmentation de la dépense pour la Sécurité Sociale. Mais il a entraîné une augmentation des prix des médicaments due à la liberté des tarifs qui va de pair.
D’autres mesures, positives pour la Sécurité Sociale, ont un effet négatif sur le porte-monnaie des patients et des mutuelles : participation forfaitaire d’1 euro l’acte ; consultation remboursée à 30 % au lieu de 70 % ; majoration du ticket modérateur pour les malades consultant directement un spécialiste ; dernière ‘’action passive’’ de la Sécurité Sociale : elle n’a presque pas revu le montant des actes opératoires conventionnés, depuis 25 ans !
La Sécurité Sociale est donc montrée du doigt dans la multiplication des spécialistes demandant des dépassements d’honoraires ! Par exemple, 70 % des ophtalmos de 74 grandes villes sont en honoraires libres, comme le sont de très nombreux dermatos ou oto-rhinos. De plus, non seulement ces dépassements d’honoraires sont de plus en plus répandus, mais ils sont aussi de plus en plus élevés. Au point que bien des personnes renoncent à se soigner correctement…
Quant à la taxe spéciale sur les conventions d’assurance pour les mutuelles, elle passe de 3,5 à 7 %.
Ce doublement sera répercuté sur le montant des cotisations : en moyenne, l’augmentation des tarifs des mutuelles sera de 5 % pour 2012.
Autre problème en voie d’aggravation, les délais d’attente s’allongent : avant d’obtenir une consultation, dans certaines régions, l’attente peut durer des mois… Et pour les patients titulaires de la CMU (Couverture Maladie Universelle), les délais sont encore plus longs, voire sans fin car ces malades ne sont pas toujours les bienvenus !
Il le faut donc pas s’étonner si les urgences sont de plus en plus prises d’assaut. Ces services permettent de contourner tous les obstacles, mais leur encombrement devient un problème urgent !!! En dix ans, de 1990 à 2000, leur fréquentation a bondi de 7,2 millions à presque 13 millions ; quant à l’attente, elle y frise les douze heures, surtout en pédiatrie, mais pas seulement. Le renoncement aux soins de premier niveau touche désormais 18 % des Français, vivant pour la plupart dans les banlieues ou dans les zones rurales les plus médicalement sinistrées.

Notre système de santé est confronté à des problèmes nouveaux : démographie médicale ; répartition territoriale ; réorganisation des hôpitaux et des soins ; les défis sont nombreux et complexes !
Premier obstacle ou renouvellement des générations, un faible nombre de jeunes docteurs.
En 2010, 24000 médecins sont partis en retraite ; seulement 7700 diplômés les ont remplacés, en raison de la fixation du numerus clausus à un niveau trop bas. Pour la rentrée 2012, il a été relevé à 8000, mais il reste insuffisant. En effet, 43 % des praticiens en exercice ont plus de 55 ans.
Nous nous consolerons en pensant que c’est pire ailleurs en Europe : c’est en France que les diplômés en médecine-chirurgie sont les plus nombreux, 309 pour 100 000 habitants.
Mais là où le bât blesse, c’est sur le plan de leur répartition territoriale : de 374 pour 100 000 sur la Côte d’Azur, on tombe à 239 pour 100 000 en Picardie ; les zones rurales de la France sont en train de devenir des déserts médicaux. Quant à la région parisienne, ses chiffres globaux sont trompeurs : si le 5ème arrondissement de Paris compte 54 spécialistes et 20 généralistes pour 10000 habitants, La Courneuve n’en compte respectivement que 2 et 6 ! Ces disparités démographiques ont de graves répercussions sur l’état de santé des résidents de ces zones ou de ces quartiers, d’autant plus que les hôpitaux sont concentrés dans les grandes villes ou dans le centre de Paris, et que les quelques hôpitaux ‘’des champs’’ ont été réorganisés, pour ne pas dire fermés !
L’accès aux soins se complexifie donc, surtout lorsque le patient a besoin de spécialistes exerçant en milieu hospitalier uniquement. Mais pas seulement, car le médecin généraliste joue un rôle de pivot dans le parcours de soin du patient et leur pénurie dans certaines zones est un obstacle majeur à l’égalité des citoyens dans leur droit à la santé.
Aussi, des initiatives ont été prises pour inciter les jeunes docteurs à s’installer à la campagne : création de maisons pluridisciplinaires de santé ; octroi de foncier par les communautés de communes ; bourses d’études avec engagement de service public ; postes de médecins salariés créés par des mairies en réponse à une aspiration grandissante au salariat des jeunes docteurs ; structures comportant aussi des professions paramédicales, et bientôt des services sociaux ; des projets de télémédecine ont même été mis sur pied en plus de toutes les mesures plus conventionnelles.
En 2009, la loi HPST a créé les ARS (Agences Régionales de Santé) en vue d’organiser, orienter et de réguler les ressources locales ; mais les réformes sont tellement nombreuses que le secteur n’arrive pas à les digérer, surtout à l’hôpital. Des transports sanitaires adaptés restent à organiser ; le mille-feuilles hospitalier a gagné un étage, les pôles ; mais les services n’ayant pas disparu, le mandarinat reste bien vivant…
Quant au mot ‘’lobby’’, il est tabou ! Mais le lobby médical, le lobby pharmaceutique, le lobby des assurances-santé et des mutuelles sont plus puissants que les patients isolés…
Notre système de santé est loin d’être guéri de ses maux !

MT/06/2012

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