Télécommunications en Europe
L’Europe des télécommunications L’union se fait attendre
Le 1er juillet 2012 est une date européenne ! Outre la finale de l’Euro, la date marque aussi l’entrée en vigueur d’une nouvelle baisse des tarifs des communications passées ou reçues via son téléphone mobile au sein de l’Union européenne. Bonne nouvelle au moment des vacances ? Pas tout à fait.
« En été, appelle en Europe comme il te plaît ! » Régulièrement depuis cinq ans, la Commission européenne peut entonner le même refrain. L’été 2012 ne déroge pas à la règle avec les nouveaux règlements, dits « roaming » *, visant à faire baisser les tarifs, longtemps prohibitifs, des appels passés ou reçus au sein des vingt-sept pays de l’Union européenne. Pourtant, l’UFC-Que Choisir n’entend pas élire « tube de l’été » cette troisième rengaine tarifaire tant ces nouvelles baisses réglementaires sont en deçà des attentes et des annonces passées. En effet, les nouveaux tarifs prévus (plafonnement d’ici à 2014 de la minute d’appel à 15 centimes hors taxes, des SMS à 5 centimes HT et du mégaoctet de téléchargement de données à 20 centimes HT) sont encore bien trop élevés pour permettre une convergence entre les prix nationaux et ceux en roaming en 2015. C’est pourtant l’objectif qu’avait fixé la commissaire européenne chargée de la société numérique, Neelie Kroes, dans son agenda de… 2010. L’Europe des télécommunications n’est donc pas pour demain. D’autant que la volonté affichée d’arriver à un marché unique de la téléphonie où le consommateur pourrait choisir un seul opérateur pour l’ensemble de ses communications en Europe est remise en cause. Le texte adopté fin mai prévoit en effet un système de découplage avec la possibilité de choisir un autre opérateur lorsque le voyageur se déplace à l’étranger. L’objectif affiché d’un développement de la concurrence paraît dès lors difficilement atteignable. Comment penser raisonnablement que le consommateur pourra arbitrer face à une kyrielle d’offres ? Un tel dispositif expose en outre les opérateurs à une mise en place complexe et coûteuse. Coûts qui seront évidemment, d’une manière ou d’une autre, répercutés aux consommateurs. Enfin, dernier motif de déception, ce troisième règlement encadrant le roaming n’apporte aucune amélioration au système d’alerte et de protection de l’abonné par son opérateur (bill shocks) lorsque sa consommation de données en itinérance atteint 50 €. Aux demandes répétées pour étendre ce dispositif à tous les services (voix et SMS inclus), y compris en national, les décideurs européens ont fait la sourde oreille. Pour l’heure, il semble bien que les ondes soient encore quelque peu brouillées dans le ciel européen. Bon été à tous.
Alain Bazot – Président UFC-Que Choisir
*Accords entre opérateurs permettant aux usagers de téléphones mobiles d’appeler et d’être appelés dans un pays étranger.
FD/07/2012