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Traitement du cancer

Egalité des chances face au cancer

Egalité des chances face au traitement du cancer ?

La question est en effet posée, et elle mérite quelques explications.

Les progrès du dépistage et l’augmentation de l’espérance de vie provoquent mécaniquement une hausse importante du nombre de cas.

Parallèlement, les progrès des différents traitements permettent désormais à un malade sur deux de survivre plus de cinq ans.

La qualité des soins étant déterminante, il est impératif d’assurer sur tout le territoire national l’accès pour tous à des soins d’égale qualité.

C’est l’objectif du Plan Cancer de Jacques Chirac, depuis 2003 et des projets actuellement en cours.

Plusieurs critères ont été définis pour permettre une évaluation précise de tous les établissements, publics ou privés.

Le premier de ces critères est le nombre de malades traités annuellement par un établissement.

En effet, la compétence, le dévouement, l’humanité de petites structures ne suffisent pas.

Il faut un matériel de pointe, une spécialisation extrême en même temps que l’apport d’une équipe pluridisciplinaire, et une pratique quotidienne pour optimiser les chances du malade.

Par exemple, selon que le service de chirurgie opère moins de 50 ou plus de 100 malades du cancer par an, le risque de décès de l’intervention ou de ses suites est multiplié par 3,5 dans le premier cas par rapport au deuxième.

Les seuils d’activité définis en 2003 (à savoir, 30 cancers du même organe traités chaque année) sont trop bas, selon les dernières études.

Mais fermer davantage de services et de blocs opératoires dans de petites villes n’est pas facile, pour des raisons politiques parfois, sociales et économiques souvent, et aussi pour maintenir une certaine proximité des soins.

Il importe de ne pas ajouter à la maladie elle-même, un surcroît de déplacements et de fatigue pour les patients.

De plus, la fermeture de certains sites va allonger les délais de prise en charge des autres, parfois aux prises avec une pénurie sévère de personnel très qualifié.

Dès 2003, le Plan Cancer prévoyait aussi que tout nouveau cas devait être étudié par une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) associant cancérologue, radiologue, radiothérapie, etc… ; et tous les médecins discutent et évaluent les avantages et les inconvénients des différents traitements possibles.

Ces réunions aussi seront évaluées selon un indicateur mis au point par la Haute Autorité de Santé.

En mars 2007, d’autres critères de gravité ont été ajoutés : la prise en charge globale du patient, ainsi que des éléments spécifiques à la chimiothérapie, à la radiothérapie, et à la chirurgie oncologique.

Ces critères devenant opposables aux établissements en juin 2011, certaines structures ont déjà entrepris leur démarche d’auto évaluation selon la check-list de l’Institut National du Cancer.

L’UFC – Que Choisir a analysé ces critères d’agrément propres à chacune des trois techniques, et ils sont tout à fait basiques, représentant, somme toute, le minimum exigible.

Un exemple : en chimiothérapie, les préparations doivent être effectuées sous la responsabilité d’un pharmacien. C’est bien la moindre des choses !

En fait, les auto évaluations de juin 2010 ont révélé de graves lacunes dans 50 % des services de chimiothérapie. Pas vraiment rassurant…

Beaucoup reste à faire aussi dans la prise en charge globale du malade.

D’abord, lors de l’annonce du diagnostic, qui, certes, vient confirmer les craintes du malade, le choc peut être terrible si diplomatie et humanité font défaut.

Ensuite, c’est le soutien moral et psychologique ou son absence, qui améliorera ou dégradera le pronostic vital.

Enfin, l’association du médecin traitant au protocole de soins, aux examens et à leurs résultats, est d’un importance capitale car il connaît son patient, son environnement familial, socioprofessionnel.

En résumé, des efforts considérables ont été accomplis ; mais, dans le domaine de la prise en compte et du traitement de la douleur, des progrès sont encore nécessaires dans bon nombre d’établissements.

Même si 94 % des établissements proposent des soins complémentaires au traitement : onco-psychologue ; nutrition ; soins esthétiques ; traitements anti-douleur ; et même assistance sociale, car des difficultés matérielles s’ajoutent souvent au problème de santé lui-même.

A partir de juin 2011, nous devrions assister à des évolutions majeures dans l’organisation des soins si plus d’une centaine de services ou de blocs doivent être fermés. Mais la transparence n’est pas parfaite, pour l’instant.

C’est la raison pour laquelle, à intervalles réguliers, des palmarès sont établis et publics pour comparer les hôpitaux et cliniques, publics et privés, selon des critères communs. L’UFC – Que Choisir en publiera un en avril 2011.

MT/03/2011

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