Urbanisme et consommateur
L’UFC-Que Choisir de Marseille vous donne quelques règles d’urbanisme
URBANISME – LA VIGILANCE RESTE DE MISE
Le littoral attire toujours autant les aménageurs, qui, s’ils savent être plus discrets, n’en sont pas moins toujours aussi efficaces. On pense tout de suite à la Côte d’Azur, urbanisée sans discontinuer du massif de l’Esterel à la frontière italienne, mais le problème se pose aussi pour d’autres territoires d’exception comme le bassin d’Arcachon.
Avec ses villas sous les pins, la douceur de son climat, la beauté des lieux entre Cap-Ferret et dune du Pyla, le bassin d’Arcachon attire les vacanciers de toutes nationalités, mais aussi des retraités ainsi que des résidents à l’année. Aussi la pression des promoteurs et de l’industrie du tourisme s’y fait-elle sentir de plus en plus. D’autant qu’avec la raréfaction des terrains, les prix montent ; et les dents longues des aménageurs grignotent, pour ne pas dire dévorent, les espaces classés et protégés…
Fort heureusement, les associations veillent et réagissent. Sans nul doute, certaines d’entre elles ont pour préoccupation première la sauvegarde de la petite tranquillité de ceux qui ont la chance d’avoir déjà maison ou appartement ! Mais elles ont toutes le mérite d’exiger le respect de la loi par les aménageurs, ainsi que la préservation d’espaces classés, ou tout simplement fragiles, ou fragilisés par la fréquentation actuelle. Par exemple, l’eau du bassin d’Arcachon lui-même est déjà saturée de résidus toxiques provenant de la circulation automobile, du chauffage et des bateaux (surtout de plaisance). Et ces associations sont obligées d’aller en justice pour contrer l’appétit sans limite des ‘’bétonneurs’’…
‘’Mais que fait l’Etat’’, direz-vous ? ‘’Mais que font les maires’’, demanderez-vous ? Eh bien, eux aussi, savent se faire discrets ! Quand, encore, ils ne jouent pas double jeu… Les services de l’Etat sont souvent en sous-effectif ; par exemple, la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) d’Aquitaine a moins de personnel et affirme ne pas pouvoir contrôler les maires sans cesse. Et pourtant, lorsque ses agents ont le temps d’effectuer quelques vérifications opportunes, ils ne reviennent pas bredouilles.
Le préfet de gironde a noté des irrégularités et a ordonné à la municipalité de La Reste-de-Buch de les rectifier avant d’examiner à nouveau son projet de PLU.
Mais souvent l’Etat préfère que les associations agissent en justice plutôt que de le faire lui-même. Car les maires, élus locaux parfois influents, veulent développer leurs communes, et surtout faire rentrer des recettes fiscales… Aussi, au fur et à mesure que les documents d’urbanisme, tels le PLU ou le SCOT, sont remis en discussion, la porte peut s’ouvrir pour les bétonnières, et d’autres bulldozers. Des projets empiètent de plus en plus sur les secteurs protégés ou classés, défrichés en toute hâte et en toute illégalité. Hélas, certains maires rendent ces zones protégés constructibles dans les nouveaux PLU. Il est vrai que les budgets communaux, souvent tout juste en équilibre, se trouvent de plus en plus grevés par de nouvelles charges que l’Etat leur a transférées sans avoir transféré les recettes nécessaires pour compenser.
De même, en doublant le coefficient d’occupation des sols (COS), on densifie l’urbanisation, et on engrange des impôts locaux plus élevés… Sans parler de l’emploi que peut générer, par exemple, la construction d’un hôtel quatre étoiles, ni des recettes que génère l’exploitation d’un casino…
La faim justifie-t-elle les moyens ? Le mahatma Gandhi a prédit que, lorsque les hommes auraient détruit la Nature, ils s’apercevraient que les billets de banque ne se mangent pas…
MT/11/2011